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Quand le corps dit stop !

Dernière mise à jour : 21 févr.



Nous sommes nombreux.ses à avoir fait cette expérience. Nous en faisons trop, nous savons pertinemment que nous tirons sur la corde, mais malgré tout nous continuons à avancer dans un rythme qui ne nous convient pas, sous la pression d’injonctions externes ou personnelles. « Il faut que je fasse… », « Je dois rendre ce dossier à temps », « Tout dépend de moi pour… », autant de pensées qui augmentent en nous une sensation de débordement, d’urgence, de frustration, et parfois d’impuissance. Des pensées qui ne nous servent pas mais dont nous n’avons pas forcément conscience. Et là, alors que nous ne nous y attendons pas, bim ! l’accident qui survient et nous met en incapacité pendant X semaines, la grippe qui nous cloue au lit avec une fièvre de cheval, le tour de rein qui nous empêche de nous lever. Le corps traduit un message que nous avons refusé d’entendre : il dit stop. Nous devons lever le pied, ralentir, nous reposer.

 

Or, ce qui est intéressant à remarquer, c’est que lorsque le corps se manifeste de cette manière, bien souvent des pensées de résistance surgissent. « Mais ce n’est pas possible ! Ce n’est vraiment pas le moment ! Pourquoi est-ce que ça m’arrive toujours à moi et jamais aux autres ? ». De surcroit, il n’est pas rare de penser que nous sommes indispensables, qu’au bureau « ils » vont être tous coincés sans nous, que les projets urgents vont s’arrêter à cause de nous. En plus de la frustration d’être obligé.e.s de s’arrêter, vient la frustration de passer à côté de quelque chose, car, sait-on jamais, c’est forcément pendant notre absence que quelque chose de décisif va se produire et que nous allons rater ça ! Que des décisions stratégiques vont être prises et que nous n’aurons pas pu y mettre notre grain de sel… Ou encore que les enfants ne pourront pas faire leurs devoirs tous seuls et que toute la famille va mourir de faim si nous ne nous levons pas pour préparer à manger.

 

Mais, là aussi, aucune de ces pensées ne nous sert. Bien au contraire, elles rajoutent une couche d’inconfort et augmentent notre souffrance psychologique et/ou physique ce dont nous nous passerions bien. Alors comment faire ?

 

La première étape consiste à accepter ce qui nous arrive. Et ce n’est pas toujours évident car il n’est pas facile de passer d’une pensée qui souligne l’injustice de la vie à nous réserver un tel sort, à une autre pensée qui nous révèle l’extraordinaire opportunité que cet arrêt brutal nous offre. Entre les deux, il est important d’admettre ce qui est. Qu’aujourd’hui j’ai 40°C de fièvre et que de toute manière je ne peux pas me lever. Que mon corps a besoin de repos et que, ce que je peux faire au mieux, est de l’accompagner dans ce besoin. Sans le juger ni me juger moi-même.

 

La seconde étape consiste à mettre notre cerveau de notre côté en lui demandant de nous aider à voir ce que cette situation peut nous apporter. Bien sûr, cette épaule luxée me gène mais j’ai enfin pu mettre de l’ordre dans tous mes papiers, ce que je voulais faire depuis longtemps. Ce genre de pensées permet de diminuer la pression intérieure et de donner une forme de sens à ce qui nous arrive. Ainsi cet arrêt forcé n’est plus qu’un gigantesque gâchis, nous avons pu en exploiter quelque chose, à notre avantage. Nous pouvons apporter une sorte de respiration bienvenue et nous donner plus d’espace dans la souffrance physique et émotionnelle que nous ressentons.


La troisième étape consiste à apprécier le fait que nous ne sommes pas seul.e.s (pour la plus part d'entre nous) et que quelqu'un va prendre en charge l'organisation de la réunion au boulot ou l'accueil des clients, que les ainé.e.s des enfants vont encadrer les plus jeunes dans la réalisation de leurs devoirs et que son.sa conjoint.e va préparer le repas familial. Cette appréciation peut d'ailleurs nous mener à prendre conscience qu'en déléguant plus, nous faisons monter en puissance nos jeunes collègues au travail et qu'au lieu de vouloir prendre notre place ils nous seront reconnaissants de leur permettre d'exprimer leur potentiel, que les enfants savent faire preuve d'une autonomie bienvenue qu'ils sont tout heureux d'exercer et que notre conjoint.e est content.e de prendre une place que jusqu'ici nous lui avions refusée sans même nous en rendre compte.

 

La quatrième étape consiste à cultiver la patience et à se donner du temps. Notre corps se répare, se rétablit. Il mobilise une quantité d’énergie importante et le forcer n’est jamais une bonne solution. En théorie, nous le savons tou.te.s, mais dans la pratique, il n’est pas rare de vouloir brûler les étapes. Apprécions la fièvre qui diminue, les vertiges qui s’estompent, les fonctionnalités de notre corps qui petit à petit se rétablissent.

 

Notre corps est unique. Nous n’en avons qu’un et la seule chose dont nous soyons sûrs, c’est que nous passerons toute notre existence dedans. Il est le vaisseau dans lequel nous ferons tout notre voyage. Et les marins le savent bien, un vaisseau s’entretient et se répare tous les jours. Alors prenons soin de notre corps avant qu’il ne nous le demande trop fort.

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