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"Parce que je le vaux bien !"

Dernière mise à jour : 17 juin 2023

Depuis que je le connais, ce slogan publicitaire m’agace beaucoup. Non pas parce qu’il nous fait croire qu’en 3 shampoings nous aurons une chevelure dense, ondulée et opulente, mais parce que je le trouve plutôt dangereux.

Là, je sens qu’il faut que je m’explique.


A priori, cette petite phrase nous apprend que nous avons de la valeur. Et ça, c’est vraiment très bien parce que, souvent, nous ignorons notre propre valeur. Etant issue d’un environnement très conformiste, j‘ai appris très tôt qu’il fallait plutôt garder un profil bas et ne pas trop sortir du lot pour éviter d’attirer l’attention sur soi. Bref, rester très modeste et nier ma valeur. C’est ainsi que j’ai toujours minimisé un compliment reçu et trouvé que celui ou celle qui me le faisait exagérait toujours beaucoup.


Dans cette même ligne, j’ai appris qu’il fallait faire passer les autres avant soi parce qu’ils étaient plus importants que soi. Il convenait de ne pas être « égoïste » et de partager, voire de donner parce que c’était quelque chose de « bien » pas forcément parce que ça venait du cœur et qu’on en avait envie.


Lorsque ce slogan est sorti, je l’ai trouvé d’abord extrêmement arrogant. Comment était-il possible de se mettre ainsi en avant ? Avec une phrase pareille, on allait forcément tous devenir individualistes, voire des égoïstes de première catégorie.


Mais petit à petit, ce slogan à fait son chemin en moi. Il est alors devenu un prétexte. Le prétexte de faire tout et n’importe quoi parce que « je le valais bien ». Insidieusement, cette petite phrase est venue appuyer une forme de paresse, de laisser aller. Pourquoi faire une longue marche en montagne, se faire mal à grimper des sentiers escarpés alors que je valais bien le confort d’un canapé et d’une série télé ?


Et un jour j’ai réalisé. J’avais très envie d’un paquet de friandises, des cacahouètes enrobées de chocolat et recouvertes d’un film de sucre teinté de divers coloris. C’était un sentiment très impérieux qui me tenait à ce moment-là, une envie de manger ces friandises parce qu’elles allaient me faire immédiatement très plaisir et que je le valais bien. Et là, ma main s’est arrêtée à quelques centimètres du paquet. Était-ce vraiment ça que je valais ? Une poignée de cacahouètes pleines de sucre, d’huile de palme et de colorants industriels ? Était-ce vraiment cela que je voulais m’offrir pour me faire du « bien » ? Parce que je le valais bien ??


D’un seul coup, je me suis regardée atterrée. Comment était-ce possible que je ne m’imagine pas plus de valeur moi qui avait pourtant fait tant de chose dont je pouvais me féliciter et être fière pour moi-même ? Comment pouvais-je ainsi me maltraiter à ce point ? Car le paquet de friandises n’était en fait qu’un petit exemple de cette maltraitance que je m’infligeais au quotidien.


Par la suite, en apprenant à me connaitre (car comme beaucoup, je me fréquentais depuis de nombreuses années sans me connaitre), j’ai commencé à comprendre ma valeur et à la reconnaitre. Ça a été un exercice difficile qui ne s’est pas accompli du jour au lendemain. J’ai appris à me parler gentiment, à prendre vraiment soin de moi en m’accordant du repos (du vrai, pas un moment de guimauve avachie devant la télé), à me permettre de faire des choses qui me tiennent à cœur, pas des choses que « je devais faire ».


J’apprends encore tous les jours ma vraie valeur. Je suis attentive à ne pas en laisser son évaluation aux autres. Ce qu’ils pensent de bien ou de mal de moi, ne change pas ma valeur à mes propres yeux. Je suis devenue très vigilante à ne pas leur laisser ce pouvoir-là.


Alors chaque fois que j’entends ce slogan « parce que je le vaux bien », je me dis « non, parce que je vaux bien mieux ! ».

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