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Le tort tue-t-il ?


Avez-vous remarqué comme il est désagréable d’avoir tort ? Comme nous n’aimons pas nous être trompé.e.s dans une situation ? D’autant plus si nous avons largement fait part de notre point de vue à une audience et que nous constatons avoir eu tort. Dans ces cas-là, il n’est pas rare que nous ressentions des émotions comme de la honte, du rejet ou de la culpabilité. Mais pourquoi ? Que se passe-t-il au fond de nous pour que nous ayons l’impression d’avoir failli à ce point alors que nous nous sommes juste trompé.e.s, que nous avons sous ou sur-estimé une situation ?


Il est clair que ce qui se joue ici ce n’est pas le fait d’avoir tort ou raison. Si nous sommes seul.e.s avec nous-mêmes et que personne n’est au courant nous n’en faisons pas « tout un plat ». Nous pouvons être agacé.e.s contre nous, nous en vouloir des conséquences engendrées par notre mauvaise estimation de la situation, ce qui n’a rien à voir avec une émotion de honte ou de rejet. Dans ces cas-là, notre cerveau, qui passe son temps à interpréter pour nous le monde qui nous entoure, n’aime pas « dépenser » son énergie à réajuster et à reprendre son évaluation. Notre cerveau aime garder ses croyances et ses fonctionnements et a beaucoup de mal à remettre en question ce qu’il tenait pour vrai.


Mais lorsque nous avons tort devant les autres, les choses se corsent. Parce que, dans notre inconscient, si nous avons tort, c’est que les autres ont raison. Inconsciemment, nous avons perdu quelque chose vis-à-vis des autres, nous avons l'impression que notre image a été écornée. A notre insu nous craignons de perdre notre place au sein du groupe social dans lequel nous interagissons. Et pour notre cerveau primitif, la perte de cette place, voire carrément le rejet du groupe, signifie notre mort possible. Cela remonte au temps où, hommes des cavernes, le groupe constituait notre force et notre sécurité.


Si notre idée est rejetée ou notre proposition jugée inadéquate, nous avons l’impression que c’est nous-même qui sommes rejeté.e.s ou jugé.e.s inadéquat.e.s. Car dans ces cas-là, nous nous identifions fortement à nos idées, nos propositions. Si elles sont remises en cause, c’est nous-même, dans notre intégralité qui sommes remis.e.s en cause. Comprendre ce mécanisme est essentiel pour éviter de vouloir « se défendre ». Certaines personnes vont commencer à argumenter en leur faveur avec une mauvaise foi déconcertante, rajoutant le ridicule à leur situation déjà inconfortable. Elles vont se mettre en colère, démontrer à n’en plus finir que si elles ont eu tort, finalement ce n’était pas de leur fait mais à cause de ceci ou de cela, etc. S’agissant de sa « survie », l’humain.e est capable de bien des choses pour assurer son maintien au sein du groupe.


Or, nous l’avons tou.te.s expérimenté à un moment ou à un autre, le fait qu’une personne ait tort ou raison n’empêche pas que nous l’aimions, que nous l’apprécions et que nous puissions passer de très bons moments avec elle. Il en est de même pour nous. Notre valeur en tant que personne n’est pas remise en question parce que nous avons eu tort ou raison. Même si, par moment nous pouvons avoir l’impression du contraire.


Alors comment faire ? Comme toujours, dans un premier temps, il est important de s’observer et de se demander ce qui nous arrive. Pourquoi est-ce que je me sens mal quand cette personne affirme des idées totalement opposées aux miennes ? Que se passe-t-il au fond de moi ?


Dans un second temps, il est important de prendre conscience de ses pensées. Qu’est-ce que je me dis si je me dis que l’autre pense que j’ai tort ?


Dans un troisième temps, nous pouvons aussi nous interroger sur notre réaction. Et alors ? Qu’est-ce qui est vraiment important pour moi dans tout cela ?


En prenant conscience de nos réactions, il nous sera plus facile de reconnaitre que parfois nous avons vraiment tort et que cela ne va pas nous tuer. Constater que nous avons eu tort, ce qui arrive à tout le monde (il ne s’agit pas ici de minimiser mais de reconnaitre qu’il s’agit là d’un trait lié à notre humanité) et le reconnaitre nous permet de nous dissocier de notre idée ou de notre proposition. Du coup, nous pouvons être apaisé.e.s car ce n’est plus une question de vie ou de mort qui se joue pour nous et nous pouvons même prendre un grand plaisir à échanger sur des sujets avec d’autres personnes aux opinions très opposées. D’un seul coup, notre posture change et, de fermée au débat et à l’autre, elle évolue vers l’ouverture et la curiosité.  


Et là, c’est un double bénéfice qui s’offre à nous. Car non seulement nous nous connectons à l’autre mais en plus nous nous offrons la possibilité de grandir, d’élargir nos propres horizons, d’acquérir de nouvelles connaissances au cours de ces échanges.


Finalement, le tort ne tue pas, si nous en prenons conscience, il nous ouvre à la vie et à l’opportunité de l’enrichir !

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