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Le temps volé


Qu’est-ce que le temps ? C’est certainement une des seules choses qui nous partagions tous et toutes de façon aussi équitable sur l’ensemble de la planète. Quel que soit notre genre, notre couleur de peau, notre lieu de vie, notre profession, que nous ayons des enfants ou non, nous disposons tous et toutes de 24heures dans une journée.

24 heures par jour

1’440 minutes par jour

86'400 secondes par jour.

Pas une de plus. Pas une de moins.

Le temps passé ne se renouvelle pas. C’est une ressource finie.


Or, lorsque l’on écoute les expressions populaires, il y en a beaucoup qui parlent du temps : Perdre du temps, gagner du temps, courir après le temps, prendre le temps, avoir tout son temps, le temps qui file, etc. Le temps est très souvent présent dans nos conversations (là je ne parle pas de la météo !) et, lorsqu’on en parle, c’est généralement pour dire qu’il nous en manque. Car tout ce que l’on veut faire de nouveau dans nos activités quotidiennes, professionnelles ou de loisir requiert que l’on trouve du temps pour pouvoir le réaliser.


Pour certains et surtout certaines d’entre nous, la perception est que, bien souvent, le temps ne nous appartient pas. IL FAUT faire les courses et la lessive, aller chercher les enfants à l’école, rendre le dossier attendu avant la date butoir. NOUS DEVONS organiser l’anniversaire du petit, un repas avec des amis, s’occuper d’un.e ainé.e, etc.


Nous recevons beaucoup d’injonctions de faire ci ou de faire ça, d’agir comme ci ou d’agir comme ça, qui nous poussent à utiliser notre temps d’une façon que l’on ne souhaiterait pas. Et si jamais nous décidons de ne pas faire ce que nous DEVONS faire, mais de faire ce que nous VOULONS faire, nous ressentons alors une forme de culpabilité bien souvent assortie d’une peur d’être jugé.e. « Tu as vu ? Elle a préféré faire son sport plutôt que d’aller chercher son fils ! Pauvre gosse… ».


Alors, parfois, pour éviter d’être jugé.e, on triche un peu, on tord la réalité, on invente un pieux mensonge « Tu comprends, si je ne prends pas le temps de boucler le dossier pendant le week-end, la boite risque de couler », ou on passe son temps à se justifier « Non, vraiment j’aurai adoré venir à ton anniversaire, mais je dois préparer les repas du petit. Tu sais avec ses allergies, je dois tout cuisiner moi-même. » et on espère ainsi pouvoir profiter en cachette d’un peu de temps volé.


Tout cela pèse lourd. Les injonctions, le sens du devoir, la resquille pour grignoter un peu de temps pour soi… Ça crée non seulement une impression d’étouffement mais aussi une impression de débordement car il y a toujours quelque chose que nous DEVONS faire. Nous sommes en lutte permanente pour gagner quelques millisecondes qui permettront de faire encore un peu plus sans pouvoir faire ce que nous voulons vraiment.


Et pourtant, nous connaissons tou.te.s des personnes dans notre entourage qui font des tas de choses (parfois bien plus que nous qui courons sans cesse) et qui ne semblent jamais être débordées. La sérénité semble être leur maitre mot et le temps pour elles ne semble pas avoir la même dimension que pour nous. C’est comme si leur continuum espace-temps se dilatait alors que le nôtre se contractait.


En y regardant bien, ces personnes là ne font rien par devoir ; elles choisissent. Elles ne DOIVENT pas emmener les enfants à l’école, elles CHOISISSENT de les emmener car les enfants pourront dormir plus longtemps. Elles choisissent de travailler sur le dossier et de le rendre avant la date butoir pour assurer le lien de confiance avec les clients. Chacune de leurs actions à un motif précis, une raison qui les porte. Le temps investi acquiert une signification, il n'est pas dépensé sous la contrainte d’une injonction ou du sens du devoir.


Elles se choisissent aussi en se faisant passer avant les autres. Elles demanderont sans culpabiliser à un.e voisin.e d’aller chercher le petit à l’école pour pouvoir faire du sport. Elle se choisissent car elles connaissent leur propre valeur et ne laissent pas les autres la définir à leur place. Elles se choisissent car elles savent que le temps qu’elles prennent pour elles-mêmes leur permettra d’être plus présentes aux autres.


Alors arrêtons de voler du temps, choisissons de le prendre en pleine conscience et de le mettre à notre service et à celui des autres de façon intentionnelle. Notre temps prendra une dimension différente. En le vivant pleinement, nous l’allégeons, nous le fluidifions et nous le maitrisons. Prendre son temps plutôt que le voler.

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