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L'observateur


Au fil de mes posts, je fais régulièrement référence à la position de l’observateur que nous pouvons prendre envers nous-mêmes. C’est un moment de micro-pause dans le déroulement d’un événement que nous percevons comme stressant. Si nous ne l’appliquons pas, nous pouvons être alors embarqué.e.s dans nos pensées qui vont générer autant d’émotions qui risquent de nous pousser à agir d’une façon que nous préférerions éviter. La position de l’observateur nous offre la milliseconde nécessaire à prendre du recul, à comprendre ce qui se passe en nous et à nous permettre de réagir autrement que sur un mode réactif/agressif.

Habituellement, lorsque nous sommes pris.e.s dans le tourbillon d’une situation stressante, nous (sur)réagissons aux circonstances. Par exemple en envoyant un mail « salé » que l’on regrette après, en utilisant des mots blessants et/ou vexants qui nous font nous sentir mal à l’aise (voire malheureux.ses) vis-à-vis des personnes à qui nous les avons adressés, en sortant d’une pièce en claquant la porte alors que nous aurions voulu être calmes et posé.e.s.

Ces agissements quasi spontanés se font sous l’action d’émotions qui nous traversent. Nous les ressentons alors car elles sont extrêmes : Nous sommes furieux.ses, dévasté.e.s, révulsé.e.s, outré.e.s, etc. Nous prenons conscience de ces émotions violentes car elles créent des ressentis (très) désagréables au fond de nous-même qui se traduisent aussi par des ressentis physiques (nausées, larmes, cris, etc.) tout aussi désagréables. Nous perdons pied et n’avons plus l’impression d’être maitre.sse.s de nous-même face aux circonstances qui semblent s’imposer à nous.

Lorsque nous maitrisons la position de l’observateur, nous pouvons :

  • Comprendre ce qui se passe en nous,

  • Identifier les pensées qui nous traversent et les émotions qui en naissent,

  • Décider de comment nous voulons agir dans les circonstances données.

Rien qu’à la lecture de ces quelques lignes, vous aurez compris que c’est une compétence qui s’acquière. Et comme n’importe quelle compétence, pour bien la maitriser, il faut l’exercer.


Première étape : S’observer quand tout va bien

S’observer lorsque l’on est en pleine tempête émotionnelle est une véritable gageure. Impossible lorsqu’on n’en a pas l’habitude. Pour commencer, le plus simple est de s’observer quand tout va bien. Par exemple, lorsque vous marchez dans la rue, demandez-vous comment vous vous sentez. Etes-vous gai.e ? Joyeux.se ? Rieur.euse ? Avez-vous des tensions dans votre corps ? Sentez-vous une sorte de malaise ? Une boule dans l’estomac ? La gorge un peu serrée ? Respirez-vous librement ?

Si vous êtes gai.e, quelles pensées vous rendent gai.e ? A quel sujet les avez-vous ?

Si vous avez la gorge un peu serrée, quelle émotion est à l’origine de cette manifestation physique ? Est-ce de la tristesse ? A propos de quoi ? Quelles pensées vous rendent triste ?

Petit à petit, à force de vous exercer, vous reconnaitrez les émotions qui vous traversent de mieux en mieux et de plus en plus subtilement. Vous saurez alors faire la distinction entre être irrité.e, agacé.e, énervé.e, en colère, furieux.se, par exemple.


Deuxième étape : Rembobiner

Cette deuxième étape consiste à passer en revue une situation où les choses ne se sont pas passées comme nous l’aurions souhaité et où nous aurions aimé réagir différemment.

En se remémorant la scène objectivement, sans se laisser embarquer par les émotions (ce qui n’est pas toujours simple), analyser les séquences et essayez d’identifier les éléments qui vous ont fait réagir. Par exemple : C’est quand XYZ à commencé à critiquer mon travail lors de ma présentation que j’ai commencé à m’énerver et que je lui ai crié dessus.


Qu’avez-vous ressenti à ce moment-là ? Par exemple : J’ai explosé de colère.


Pourquoi ? (Là, on cherche à identifier la pensée qui est à l’origine de l’émotion) Par exemple : XYZ n’a pas les compétences pour pouvoir critiquer mon travail légitimement, XYZ fait ça juste pour me nuire.


Comment auriez-vous souhaité réagir ? Par exemple : Je voudrais rester calme et profesionnel.le, passer outre la remarque de XYZ, continuer la présentation de mon travail et démontrer mon expertise. Car en explosant de colère, je me discrédite et je donne de l’eau au moulin de XYZ.


A quel moment auriez-vous eu besoin de faire un « arrêt sur image » pour permettre de vous rendre compte de ce qui se jouait ? Par exemple : au moment où XYZ a commencé à critiquer mon travail et que j’ai senti la colère monter.

L’analyse rétrospective permet de se rendre compte du moment où l’émotion (qui a toujours quelque chose à nous dire) se manifeste dans notre corps et tire un signal d’alarme. S’habituer à ressentir les émotions bouger dans notre corps nous permet d’attirer notre attention sur ce qui se joue pour nous. Dans l’exemple ci-dessus, la colère apparait car les pensées qui lui sont sous-jacentes sont de l’ordre de : « Ces critiques me discréditent, je n’aurai pas la reconnaissance que je mérite pour mon travail ». Détecter l’émotion suffisamment tôt pour ne pas y réagir, c’est pouvoir devenir intentionnel.le dans la manière dont on souhaite se comporter. C’est là qu’il faut pouvoir prendre la position de l’observateur en faisant un arrêt sur image.


Troisième étape : L’arrêt sur image

L’arrêt sur image a ceci d’exceptionnel qu’il ne dure que quelques fractions de seconde. A part nous-même, personne ne peut se rendre compte que nous prenons une décision d’agir de façon intentionnelle plutôt qu’en fonction de nos émotions et de nos pensées.

Par exemple : XYZ critique mon travail, il n’est pas légitime pour le faire, je sens la colère monter. Je fais un arrêt sur image. Stop ! Je peux regarder la scène en faisant un pas de côté et en comprenant ce qui se passe pour moi, les pensées et les émotions qui en découlent.

Bien entrainé, notre cerveau est capable de nous proposer en quelques millisecondes le meilleur scénario pour servir nos intérêts et surtout la personne que nous souhaitons être dans ce moment sensible.

Par exemple : Je n’explose pas de colère contre XYZ, je lui demande calmement et fermement de ne pas m’interrompre et de me laisser finir (ce qui me permet de démontrer mon expertise) et l’informe que je répondrai à ses questions ou remarques à la fin de ma présentation. Ainsi, je reste professionnel.le jusqu’au bout.

Cette aptitude à pouvoir s’observer et comprendre ce qui se joue pour nous et en nous est un véritable atout dans notre vie de tous les jours. Au travail, tout comme à la maison et dans toutes nos interactions sociales.


Apprendre à nous observer, à devenir notre propre observateur, nous permet tout à la fois d’être plus intentionnel.le.s dans nos manières d’agir et plus respectueux.se.s de nous-même et de nos aspirations profondes.

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