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Déconnecter


Avez-vous remarqué le nombre de fois où nous (ou nos collègues) prononçons ces mots : « Je n’arrive pas à déconnecter ! ». La plupart du temps, lorsque nous parlons de déconnexion nous parlons de notre travail et de la difficulté que nous avons à « lâcher prise », pendant les vacances bien sûr mais aussi pendant le week-end ou même une fois la journée professionnelle terminée.


Lorsque nous avons l’impression de ne pas pouvoir prendre de la distance, surtout avec notre activité professionnelle, plusieurs mécanismes sont en jeu.


Le premier d’entre eux est celui qui nous laisse penser que nous sommes absolument indispensables à l’organisation pour laquelle nous travaillons et que, sans nous, rien ne va se passer comme il faut. Il va forcément y avoir un « bug », les choses vont être faites de travers (en tout cas pas comme nous les aurions faites), nous risquons de prendre du retard, les clients vont être mécontents parce que nous n’aurons pas été là. Par-dessus cela, nous pouvons ajouter une première couche de culpabilité en nous disant que, lorsque nous sommes en vacances, nous « abandonnons » nos collègues dans des situations délicates (voire carrément difficiles). Puis nous pouvons encore rajouter une seconde couche d’anxiété en nous demandant dans quel état nous allons retrouver les projets en cours et les comptes clients parce que nous n’aurons pas été là pour nous en occuper nous-mêmes.


Il est évident que lorsque nous sommes dans ce train de pensées, il nous est impossible de décrocher. Au contraire, nous aurons envie de jeter sans cesse un coup d’œil à nos mails (c’est tellement facile, ils sont à portée de téléphone) entre un passage à la plage et la crêpe que nous avons promis de déguster avec les enfants. Nous aurons peut-être aussi envie de nous connecter au réseau du bureau juste avant de nous coucher pour affiner la planification du projet sur lequel nous travaillons ou pour nous assurer que l’assistant.e a bien envoyé le courriel comme convenu, quitte à le faire nous-même si la tâche a été négligée et à ruminer toute la nuit contre le manque de professionnalisme de l’assistant.e.


A contrario du premier mécanisme, le second nous laisse penser que tout va se jouer pendant que nous serons absent.e.s. Que des décisions fondamentales seront prises qui vont affecter notre périmètre d’activité. Et que, par conséquence, nous risquons de nous retrouver devant le fait accompli sans aucune marge de manœuvre possible. Ou que quelque chose d’exceptionnel va se produire quand nous serons loin. Que le contrat pour lequel toute l’équipe a travaillé d’arrache-pied va enfin être signé et que nous ne serons pas là pour célébrer avec nos collègues la juste récompense des efforts investis.


Là encore, nous serons tenté.e.s de nous connecter à notre messagerie, de suivre à distance les différents dossiers afin de nous assurer que nous ne ratons rien.


Alors comment faire ?


Si nous craignons que les choses ne se fassent pas parce que nous sommes absent.e.s, la meilleure façon de procéder est de préparer notre départ en vacances pour nous assurer que le suivi des dossiers sera fait. Autrement dit, il s’agit de déléguer à des collègues les tâches qu’il faut faire en leur donnant toutes les informations nécessaires à leur réalisation (état d'avancement, tâche à accomplir, délai de réalisation, etc.). Nous pourrons ainsi partir le cœur plus léger en nous disant que nous avons fait le nécessaire pour que tout se passe bien et éviter les surprises désagréables à notre retour.


Si nous craignons que des choses se produisent en notre absence, il est important que nous soyons conscient.e.s du fait que ce sera sans doute le cas. En effet, ce n’est pas parce que nous sommes à la plage à faire des châteaux de sable avec les enfants ou en train de siroter une boisson fraîche à la buvette du Pic vert après 4 heures de montée ardue, sac au dos, que la vie de notre entreprise va s’arrêter, sauf si nous sommes solopreneur.e (et encore !). Donc, oui, nous allons rater des trucs. Et là, il convient de poser les choses en perspective. Est-il plus important de rater ce moment de franche rigolade avec les enfants à construire le château et à le défendre contre les vagues que de rater le message qui sera envoyé au client grincheux qui de toute manière sera toujours insatisfait ? Est-il plus important de rater ce paysage grandiose que nous découvrons au sommet du Pic vert, bien installé.e.s à la buvette en savourant l’effort accompli, que de célébrer la signature du contrat avec les collègues ?


En nous rappelant que nous avons une certaine marge d’organisation et que nos pensées créent notre réalité, nous pouvons nous ménager des temps d’absence plus sereins, plus satisfaisants dont nous pourrons profiter pleinement.

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1 Comment


Jalal
Jalal
il y a 2 jours

Totalement d'accord. Surtout les dernières phrases du post. En somme, nous pouvons aussi nous rendre que nous sommes plus souvent déconnecté de l'essentiel et connecté au superflu. Le travail est un moyen essentiel de l'existence, mais pas une finalité essentiel de notre vie. Merci pour cette mise en perspective!

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