L’avez-vous remarqué ? Il y a des moments où, lorsque nous voulons réaliser quelque chose, lorsque nous allons rencontrer quelqu’un, nous appréhendons la situation. Par anticipation, la réalisation ou la rencontre nous parait difficile et nous envisageons par défaut un résultat qui nous sera peu favorable, voire catastrophique.
Pour certain.e.s d’entre nous, toute nouveauté à venir est sujette à l’appréhension et à l’inquiétude. Il nous semble que c’est une sorte de fatalité qui s’abat systématiquement sur nous et que n’y pouvons rien. Nous sommes persuadé.e.s que nous faisons partie « du groupe des inquiets » pour la vie et que tout ce que nous pouvons faire est de faire au mieux avec une émotion qui nous semble être hors de notre contrôle.
Si l’appréhension fait son apparition dans notre palette émotionnelle, ce n’est pas parce qu’elle surgit de façon spontanée. Elle est le résultat de tout un processus de notre cerveau qui explore les scénarios possibles en regard de ce que nous voulons entreprendre et, en tout premier lieu, les scénarios du pire. Or, comme nous le savons déjà, nos émotions sont générées par nos pensées. En l’occurrence, lorsque nous appréhendons quelque chose, la pensée initiale est généralement de l’ordre de : « Et s'il se passait quelque chose qui vienne tout gâcher ? Et si la personne que je dois rencontrer se montrait fermée à ma démarche ? Et si le ciel me tombait sur la tête ? etc. »
En réalité, ce que l’on appréhende, ce n’est pas tellement que le scénario catastrophe se réalise, c’est plutôt l’émotion que nous pourrions ressentir. Si la personne que je dois rencontrer n’était pas ouverte à ma démarche, je pourrais ressentir de la honte. Si quelque chose venait tout gâcher, alors je pourrais ressentir de l’impuissance. Et notre cerveau ressent cela comme un danger.
Le danger perçu par notre cerveau l’est d’autant plus que tout est flou. Il n’a rien de vraiment solide pour objectiver : « un truc » qui vient tout gâcher, une personne « fermée » à ma démarche. L’appréhension ressentie est donc une manière qu’a notre cerveau de chercher à mieux comprendre la situation pour y apporter une solution définitive. Mais le problème n’existant pas encore, il n’y a donc aucune solution à apporter. La question reste donc ouverte et c’est le cercle vicieux, comme le hamster dans sa roue, notre cerveau tourne en boucle.
Objectivement, le fait de s’inquiéter ne nous empêchera pas de ressentir l’émotion redoutée si le scénario catastrophe se réalise. Je ressentirai effectivement de la honte si la personne est fermée à ma démarche et de l’impuissance si tout ce que j’ai entrepris échoue. Mais pire encore, le fait d’appréhender nous fait déjà ressentir les émotions craintes alors que rien ne s’est encore produit ! Et comme notre cerveau ne fait pas la différence entre les événements réels et les événements imaginés, nous sommes donc condamnés à vivre en boucle ce que nous redoutons.
Or, comme je l’ai déjà exposé dans l’article « Ma gueule ou quand nos pensées créent notre réalité », plus nous pensons que les choses vont mal se passer, plus il y a de chances pour qu’elles se passent mal. En se positionnant de cette manière, nous abandonnons toutes velléités d’agir et il ne nous reste plus qu’à observer la défaite prévue arriver.
Alors comment faire ?
Dans un premier temps, il convient de se pencher sur les pensées qui nous conduisent à l’appréhension. En effet, il se pourrait qu’il y ait effectivement un danger qu’il est alors nécessaire d’objectiver. Si risque il y a objectivement alors nous devrons travailler dans deux dimensions : la première sera la prévention du risque (est-ce que je peux éviter que le risque se réalise et comment ?), la seconde sera la mitigation du risque (comment est-ce que je peux faire pour gérer le risque s’il se réalise et en limiter les effets ?). Cela permet à notre cerveau de passer en mode « solution » ce pour quoi il est doué si nous lui posons les bonnes questions.
Dans un second temps, nous pouvons aussi repousser nos pensées d’inquiétude en reconnaissant simplement qu’elles ne nous servent pas et qu’elles représentent pour nous des éléments parfaitement inutiles. Et de continuer à les ignorer à chaque fois qu’elles reviennent tout en reconnaissant qu’il s’agit d’un phénomène lié au fait que notre cerveau cherche à nous protéger.
Enfin, dans un troisième temps, et même si nous détectons des risques objectifs, nous pouvons travailler sur le scénario du meilleur en changeant nos pensées comme je l’ai également mentionné dans l’article « Je pense donc je suis ». Nous pouvons choisir de penser que nous serons à la hauteur et que nous saurons réagir quoi qu’il se passe.
Ainsi préparé.e.s, il nous sera plus facile d’aborder des situations que notre cerveau nous présentera comme délicates.
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